Depuis longtemps, bien avant les images électroniques et numériques, la photographie participe de cette stratégie mercantile d'enchantement du réel. Mais si elle profite, à cette fin, des apports technologiques les plus récents, elle peut aussi subvertir leurs codes avec leurs propres moyens et retrouver ainsi les chemins d'une création véritablement artistique. Ce n'est d'ailleurs qu'une possibilité parmi d'autres de cet art en pleine évolution et qui, depuis prés de deux siècles, ne cesse d'accompagner nos vies.
Les dernières Rencontres d'Arles ont montré, à travers deux expositions, combien la limite était floue entre les photographies d'amateurs et les travaux de professionnels. Avec " Here is New- York ", (rencontres-arles.com), les photographies, qu'elles proviennent d'inconnus ou de photo-reporters notoires, ont été scannées, imprimées, présentées et vendues anonymement au prix unique de 25 $. Les gains considérables - 500 000 $ en deux mois - ont été reversés à l'association Children's Aide Society's World Trade Center Fund. Quant à l'exposition de la collection familiale de Jules Antoine (qui photographia méthodiquement ses deux enfants entre 1893 et 1912), elle illustre bien comment le temps transforme peu à peu tout document privé en oeuvre d'art - ce