Espace Méditerranéen de la Culture Photographique

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Publié le : 8 nov. 2002

Ma première expérience photographique

La première fois que s’est produit le contact avec la photographie, remonte à cinq ans au cours d’une conversation avec un étudiant qui prenait régulièrement des photos de personnes en ville, en essayant d’y rapporter des thèmes. Je trouvais la démarche assez intéressante, puisque pour moi il s’agissait d’aborder des personnes indirectement et de leur associer un imaginaire, sans que celui-ci corresponde forcément à ce qu’ils étaient, leur personnalité, leur histoire.

D’une certaine manière la curiosité et sûrement même un voyeurisme produisaient une excitation qui suscitèrent mon intérêt pour ce qu’était la photographie ou, plus précisément, qui me donnèrent l’envie de prendre des photos.

Je décidai donc d’acheter un appareil d’occasion que proposait justement cet étudiant qui avait attiré mon attention. Il s’agissait d’un Minolta qui datait de 1976, entièrement manuel avec lequel je pouvais désormais satisfaire ma curiosité.

Une fois l’appareil acquis, celui-ci resta environ six mois au fond d’un placard, j’avais sûrement trouvé une autre occupation, et la photographie me semblait un peu lointaine. Je ne me rappelle plus vraiment de quelle façon, mon appareil a pu se retrouver à nouveau en service.

Peut-être qu’en décidant de faire de l’ordre, je l’avais trouvé par hasard et qu’il me revint à l’esprit mon projet de prendre « sérieusement » des photos. Je dois dire qu’une fois l’appareil découvert, je ne savais pas très bien par où commencer, où prendrai-je des photos, de qui, de quoi et pourquoi faire? L’idée de me balader dans la rue pour photographier un peu tout et n’importe quoi me semblait un peu bête et j’aurais l’air de quoi?

En fait l’idée de photographier des personnes comme ça ne me venait pas à l’esprit parce que j’avais plutôt l’habitude des mises en scènes un peu barbantes, au moment des réunions de famille. Je me rappelle les directives de ma sœur aînée qui nous indiquait telle ou telle pose et qui mettait un temps fou pour déclencher son appareil. C’était plutôt amusant mais je ne me voyais pas demander à une personne de prendre telle ou telle attitude devant l’objectif, je m’imaginais très mal vivre une situation aussi grotesque. Il était évident que se posait déjà le problème de la prise de vue, et s'il m’arrivait de prendre certains paysages de Provence, je n’étais pas vraiment contente du résultat, je trouvais qu’il était très fade, plat, cela ne correspondait pas à mes attentes.J’était vraiment découragée..

Mais la rencontre avec un étudiant qui faisait de la photo régulièrement, me fis changer d’attitude. En effet, Fabien s’investissait très sérieusement dans la photographie, puisqu’il envisageait même d’en vivre par la suite. Je lui expliquai quelles étaient mes difficultés et il me proposa un autre angle d’approche ; en fait il m’invita à le suivre durant une après-midi, dans le centre ville de Marseille, et de l’imiter puisqu'il prenait certaines photos, au détour d’une rue, de certains passants, de tags sur les murs…

Finalement l’idée d’être deux à prendre des photos suffisait largement à me convaincre de me saisir de mon appareil, et sans gêne particulière. Les différents conseils qu’il pouvait me donner face à mes erreurs ou mes hésitations étaient une chance ; et pourtant, malgré mes difficultés à les appliquer (prise de vue trop floue, mal cadrée : on aurait pu croire que je souffrais de cécité ! pellicule mal enclenchée, ou mal rembobinée), j’avais envie de persévérer. Progressivement je comprenais certains principes qu’il fallait respecter pour éviter des photos ratées et je commençais à apprécier le résultat de certains clichés.

J’ai appris peu à peu à me servir de mon appareil et à saisir certains mécanismes, ce qui m’a permis par la suite de jouer avec certains effets, si je continue toujours à obtenir des résultats très mitigés quant aux photos que je fais, je ne me décourage pas, et pour plusieurs raisons. A mon sens, la démarche de prendre des photos articulées à un projet déterminé sollicite un angle de vue, une approche particulière ; bien sûr toute approche est propre à chacun et il est libre à tous de voir dans ses photos ce qu’il veut voir. Mais pour en revenir à cette approche, il s’agit pour moi d’une certaine curiosité, d’une envie de prendre contact autrement avec des choses ; c’est à dire que l’on se détache de la manière conforme de notre société, notre mode de vie, notre culture, d’aborder les éléments.

Cet intérêt ne réside pas complètement dans une sorte de voyeurisme, cela va au-delà, je crois qu’il place la personne qui prend des photos dans une dynamique positive, enrichissante et ouverte à beaucoup de choses. La curiosité cultive une certaine réceptivité qui ne demande parfois qu’a s’exprimer. Je n’essaie pas de tomber dans une sorte de « sensiblerie », mais si je continue de me référer à ma propre expérience, il est indéniable, que la photographie m’a apporté de nouveaux « outils » qui me permettent de discerner plus d’éléments, elle a favorisé mon attention. Cela se manifeste aujourd’hui par des choses que je ne voyais pas auparavant : une belle lumière du jour, un immeuble décrépi à l’architecture intéressante…

Il me reste beaucoup à apprendre de la photographie et ce qui suscite mon attention aujourd’hui est de savoir ce qui motive les personnes à utiliser leur appareil photo. Dans quelles circonstances, quelles personnes, quels lieux ont ils pris en photos, et pourquoi ? Il ne s’agit en aucun cas d’une enquête mais plutôt de l’apport de pratiques humaines sur cette expérience qui est de faire de la photographie.

Alors à suivre…

Sonia

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