Ali Chraïbi, révélateur de sensations

Ali Chraïbi est le lauréat 2002 du prix « Au Sud du Sud » de la cinquième biennale de l’Art Africain Contemporain de Dakar (Dak’Art) et c’est dans la Tour du Roi René au Fort Saint Jean sur le Quai du Port (Marseille) que ce photographe nous invite à découvrir son travail réalisé au Maroc.

Présentée sur trois étages, cette exposition nous propose un travail différent à chaque étape, prouvant ainsi que le médium photographique permet une multitude d’utilisations pour l’expression artistique.

Au premier étage, l’artiste nous présente ses panneaux composés d’images photographiques démultipliées. Il nous entraîne dans un monde imaginaire fait de labyrinthes dans lesquels le visiteur se perd, se cherche, trouve une silhouette humaine floue, presque indiscernable, la délaisse et continue seul sa course. Est-ce une lutte contre la solitude que ces compositions qui nous inondent d’une même photographie en plusieurs exemplaires. Le choix du noir et blanc, en accentuant l’effet géométrique, nous perd encore dans les formes.

Une composition en particulier attire l’attention : des puits de lumière, côte à côte, les uns au dessus des autres, nous transportent au fin fond d’une grotte. Tiens ! la lumière, l’espoir peut-être…

Au deuxième étage, Ali Chraïbi nous prouve qu’il maîtrise son art : de très belles photographies bien cadrées et bien proportionnées dans de très beaux dégradés qui vont du blanc intense au noir profond.

Au troisième et dernier étage de cette exposition, des photographies mettent en scène des enfants. Des regards d’enfants plus précisément. Des regards qui vous scrutent, vous sondent et tirent de vous un sourire ou une tristesse. Une émotion en tous cas. Qui sont ces enfants ? Nous ne le savons pas mais nous ressentons soudainement une envie de nous transporter auprès d’eux, de les serrer pour effacer un chagrin ou de rire avec eux. Rêver avec ces « enfants-yeux ». Leurs regards nous touchent, immanquablement.

Nous sortons de cette exposition avec une vision enrichie de ce que peut-être l’utilisation artistique du médium photographique : une recherche plastique en perpétuelle évolution. Interroger son Art c’est aussi interroger son Monde.

Aller voir cette exposition, c’est enfin s’offrir un voyage dans un autre univers, celui des sensations et des sentiments.

Fatima Naamane

« …avec mon nouveau travail constitué d’assemblages de photographies, j’explore les entrailles de la Terre, multipliant les ouvertures avec un jeu infini de compositions. Je cherche à percer le secret des origines et de la création. La présence de l’homme est presque un alibi, une échelle humaine récurrente, qui accentue davantage la grandeur et la complicité de l’univers. »

Ali Chraïbi