Espace Méditerranéen de la Culture PhotographiqueJacques LUCCHESI : Pourquoi ce choix de photographier le réel ? Et quelle est, d’autre part la complicité qui y entre ?
Michel EISENLOHR : Il y aurait un grand débat à faire sur la photographie par rapport à la notion de réalité. En fait je photographie « mon » réel. Même si mes photos sont assez « classiques », l’utilisation du noir et blanc les soustrait un peu de la réalité. Ce n’est d’ailleurs pas le seul moyen pour cela. Par exemple, avec un objectif à distorsion grand angle, on peut créer une sorte de réel parallèle. Quant à la complicité, je crois qu’elle est d’ordre implicite. Je ne connais pas forcément les gens ni les lieux que je photographie. C’est donc une complicité entre moi et un espace relativement imaginaire qui s’instaure. Du reste, le photographe me semble toujours être dans cette situation charnière ; entre la réalité qu’il capte et sa réalité personnelle.
J.L. : Est ce que le voyage est pour toi, le mobile de la photographie ? Ou bien à l’inverse, est ce la photographie qui est l’alibi du désir de voyage ?
M.E. : Les deux approches me semblent étroitement liées et je ne rejetterai pas l’une au bénéfice de l’autre. Je pense que, pour moi, la photographie est le voyage. C’est elle qui le construit et le soutien dans ma vision de l’acte photographique.
J.L. : Tu as beaucoup voyagé et travaillé dans le pourtour Méditerranéen. Considères-tu la Méditerranée comme une étape dans ton travail ou davantage ?
M.E. : En tant que Méditerranéen, j’éprouve bien sûr de l’attrait pour cette région du monde et ses différentes cultures. Mais je peux dire que le bassin Méditerranéen n’est qu’une étape, même essentielle, dans mon parcours photographique.
Propos recueillis par Jacques LUCCHESI