L'artiste face à la photographie

Il fait encore sourire aujourd’hui de penser qu’il existe des ethnies qui refusent la photographie ou le film parce qu’ils s’apparentent à un vol d’image. Mais saviez vous que cela fut l’un des arguments principaux de lettrés du XIXe siècle qui s’élevèrent contre cette invention. En effet, seul Dieu pouvait recréer l’image parfaite de l’homme. Charles Baudelaire soutenait l’idée suivante à propos de la photographie : « quelque écrivain démocrate a dû voir là le moyen à bon marché de répandre dans le peuple le dégoût de l’histoire et de la peinture, commettant ainsi un double sacrilège et installant à la fois la divine peinture et l’art sublime du comédien (…) ». Plus loin il continuait en écrivant que la photographie se devait de rester dans son champ, celui de l’industrie et non de l’art.

Considérant que, dans de récentes circonstances, les tribunaux ont été saisis de la question de savoir si la photographie devait être assimilée aux beaux-arts, et ses produits protégés à l'égal des Oeuvres des artistes ;

Considérant que la photographie se résume en une série d'opérations toutes manuelles, qui nécessite sans doute quelque habitude des manipulations qu'elle comporte, mais que les épreuves qui en résultent ne peuvent, en aucune circonstance, être assimilées aux oeuvres fruit de l'intelligence et de l'étude de l'art. Par ces motifs :

Les artistes soussignés protestent contre toute assimilation qui pourrait être faite de la photographie à l'art.

Ont signé : M.M. Ingres, de l'Institut ; Flandrin, id. ; R. Fleury, id. ; Nanteuil, id. ; Henriquel-Dupont, id. ; Martinet, id. ; Jeanron, Calamatta, Philippoteaux, EUG. Lepoitevin, Troyon, Bida, H. Bellangé, Jalabert, Ph. Rousseau, Gendron, L. Lequesne, lsabey, Français, Emile Lecomte, P. de Chevannes, Vidal, L. Lassalle, J. Bourgeois, Lafosse, EM. Lafon, Lalaisse.