D’une manière très générale, ces acteurs
s’influencent mutuellement de façon plus ou moins autoritaire
ou justifiée, en se positionnant autour de l’œuvre et
du jugement esthétique (figure ci-dessous). Ainsi l’artiste
crée l’œuvre, expression de sa perception, de sa réalité,
de sa sensibilité. Le discours implicite porté par l’œuvre
est ensuite perçu par le spectateur, le public qui apprécie
et juge. La réaction du public est sa réponse et instaure
un dialogue esthétique avec l’artiste. Cette conversation sensible
de non-dits est fortement influencée par l’environnement où
musées, marchés et experts se disputent pour posséder
la « vérité ». Le musée, en « éduquant
» le spectateur, lui transmet les canons académiques de l’art
d’aujourd’hui. Mais spectateurs et musées sont par ailleurs
acteurs du marché, ce même marché qui oriente le travail
de l’artiste qui souhaite vivre de sa production. Quant aux experts,
c’est à eux que revient la lourde tâche de permettre
à l’art de progresser en assouplissant les visions des institutions
culturelles et économiques.
L’œuvre photographique, en tant qu’œuvre d’art,
participe à ces processus mais, auprès du grand public, elle
souffre en outre des conditions de sa naissance, de son histoire et de ses
usages. En effet, la technique photographique est un enfant des révolutions
scientifiques et techniques du XIXème siècle. Elle est présentée
encore aujourd’hui comme le résultat d’une prouesse technologique,
fruit de longues recherches technologiques (voir à ce sujet S. GALAÏ
(2002), Quel est ton appareil, je te dirai qui tu es, en ligne, http://culturephoto.free.fr/articles/art003.htm).
L’optique de plus en plus précise, les composants électroniques
de plus en plus petits et puissants, l’informatique démocratisée
entretiennent l’idée que faire de la « belle photographie
» est une question… d’argent, pour acquérir du
matériel digne de ce nom, et de patience, pour étudier les
manuels techniques de la photographie et mettre en pratique des «
recettes ». En somme, ce contexte pousse à croire que «
photographier c’est comme conduire, il suffit d’apprendre et
de garder les yeux ouverts. »
F. Lalbat
fin de la deuxième partie...